En me basant sur les cours du collège de France dispensés en 2019 par François Héran (titulaire de la chaire migrations et société), dans une série intitulée « pourquoi migrer », je vous propose de nous pencher, en deux fois, sur le thème des migrations.
Le premier temps, auquel a été consacré mon précédent exposé, s’est concentré sur les phénomènes migratoires au niveau mondial pour poser ce qu’est la migration, et ce qu’elle n’est pas. A l’issue de cette première partie, nous avons pu partager les grands chiffres qui caractérisent l’immigration à l’échelle mondiale et contrecarrer certaines idées reçues récurrentes dans le débat public. J’en rappelle ici les points saillants :
- Les migrations sud – nord sont très largement surévaluées, tandis que les migrations intracontinentales sont, elles, très largement sous-estimées. La migration se fait très majoritairement dans les pays les plus proches.
- Les migrations se font majoritairement depuis les pays de richesse moyennes. Ce n’est donc pas la misère du monde qui migre.
- Les pays dont sont majoritairement originaires les migrants ne sont pas les plus féconds, mais ceux qui sont déjà bien engagés dans la transition démographique.
- Il nous est difficile de voir nos compatriotes comme de potentiels migrants : nous préférons les voir comme des expatriés.
- Bien que soumis à un même cadre législatif international, les politiques migratoires des différents pays d’accueil engendrent des profils très différents : part de la migration choisie (et critères de choix), part de la migration de refuge, part de la libre circulation, part du regroupement familial, …
- L’expression du désir de migrer est souvent une marque de contestation face à la politique de son pays, mais une marge importante existe entre le l’expression de ce désir et sa concrétisation (rapport de 1 pour 30).
Le second temps, auquel sera consacré mon intervention de ce jour, sera une exploration des différentes théories de la migration. L’idée sera de s’intéresser aux dynamiques collectives plus qu’individuelles, aux théories de la migration plus qu’aux motivations particulières, à la question de ce qui explique les choix de certains de migrer et des autres de ne pas migrer, et une fois sur place, de certains de rester et d’autres de rentrer.
Pour se faire, François Héran, nous fait suivre les travaux du comité Massey (du nom de son président Douglass Massey. Les travaux initiés sous l’égide de l’Union Internationale des Démographes étaient pluridisciplinaires et regroupaient quasiment toutes les disciplines des sciences humaines, à la notable exception des sciences politiques. Douglas Massey a enseigné dans les plus prestigieuses universités américaines, et constitue une référence incontournable sur le sujet des migrations. Le comité qu’il présidait a livré de nombreux articles en conclusion, dont en 1993 : Theories of international migration : a review and appraisal, l’un des articles de démographie les plus cités de tous les temps, et dont le plan reste celui repris par tous les universitaires souhaitant se livrer à leur tour à un inventaire similaire.
Les théories des migrations
Modèle néoclassique
Cette théorie postule que les choix de migrer ou non sont effectués par des individus rationnels à partir d’un calcul coûts / bénéfices. Les individus se décident ainsi à migrer si le gain net espéré est positif après avoir défalqué les coûts de la migration (coût du voyage, du manque à gagner sur la « prospection » d’un logement et d’un travail, coût d’apprentissage de la langue et des codes culturels, coût psychologique, …). Si dans une vision caricaturale de cette théorie, il a souvent été indiqué que le niveau d’information du migrant potentiel (et donc son assertion des coûts et gains) était censée être parfaite, les auteurs ont pleine conscience du caractère nécessairement imparfait de celle-ci. L’assertion des gains et pertes nets n’est donc en fait pas nécessairement éminemment précise, elle suppose principalement que le candidat à la migration ait procédé à une évaluation de différentes options via des choix et ait procédé, à tort ou à raison, à un choix, l’amenant à prendre la décision qu’il considère la moins risquée.
- Les auteurs tenants de cette théorie, développent notamment plusieurs points complémentaires :
- La migration est une opération risquée. Les migrants développent des stratégies pour réduire cette incertitude et réduire le coût de l’information
- La maximisation des revenus n’est que l’une des composantes possibles d’une maximisation plus générale, celle de l’utilité. Inclut par exemple la satisfaction de vivre en famille, dans un environnement à l’environnement légal plus sûr (pour mener des projets à long terme, y compris les génération suivante), environnement garantissant un certain nombre de libertés, existence d’équipements collectifs de meilleure qualité, …
- Longtemps le coût principal était le coût de transport. Ceux-ci se sont fortement réduits. C’est maintenant le coût de l’information qui est le plus fort, même si les NTIC ont contribué à réduire à leur tour ce coût.
- Difficulté du calcul rationnel : il ne faut pas seulement faire un calcul coût bénéfice, il faut aussi savoir l’actualiser en fonction des résultats obtenus, des modifications de l’environnement et définir la fréquence d’actualisation.
- Expérience faite par des millions de migrants : lors de l’élaboration du projet, le temps nécessaire à l’accumulation des sommes garantissant un retour réussi est très souvent sous-estimé. (Retour réussi à leurs propres yeux, mais aussi de ceux de leur entourage)
- Le logement s’avère plus cher que prévu, impossibilité de sacrifier durant des années durant les loisirs, surtout quand les enfants grandissent, révision des transferts de fonds vers les proches restés au pays du fait de l’inflation ou de l’évolution du taux de change, …
- La notion de rendement net de la migration varie en fonction de l’horizon temporel que se fixe le migrant : rendement immédiat (espoir de gain pour lui?) ou à terme (espoir de gain pour ses enfants?)
- Le modèle manque de réalisme car il suppose un marché parfait et une information parfaitement connue par les migrants sur les possibilités réelles d’emploi.
Une des composantes les plus fréquentes du modèle néoclassique et la théorie du capital humain.
Le capital humain est défini comme une compétence qui est incorporée à l’individu, et qui n’est pas détachable de son corps ou de son cerveau (ex : parler une langue étrangère). Il est non cessible à autrui par contrat. En naissant, on peut recevoir une dotation en capital humain (belle voix, physique avantageux, …) mais la valeur de la dotation initiale dépend du marché qui définit sa valeur et des investissements d’entretien que l’on fait.
Sur cette base, la théorie du capital humain stipule que le migrant est une personne, qui en fonction des ressources disponibles, les infos dont il dispose, décide de se déplacer vers un marché nouveau où ses investissements en capital humain obtiendront de meilleurs rendements, et où il pourra continuer à faire croître ce capital. La migration y apparaît :
- Corrélée positivement au niveau d’éducation : ce ne sont pas les moins instruits qui migrent le plus
- Plus accessible aux jeunes adultes, mais investissement qui se heurte aux problèmes de reconnaissance et d’homologation dans la société de destination. Ainsi le capital humain n’est pas toujours transportable (ex. des médecins étrangers… premier pays qui a travaillé fortement sur le sujet : le Canada). C’est une information très importante à collecter par le candidat à l’immigration.
De nombreux facteurs complémentaires sont à prendre en compte pour enrichir la théorie du capital humain (qui reste inscrite dans le paradigme néoclassique) :
- L’influence de la parenté et des réseaux de migrants (cf. théorie du capital social)
- La décision de migrer face à l’incertitude
- Information très imparfaite intégrer l’aversion au risques et les techniques de réasurance
- La décision de migrer malgré le chômage du pays d’accueil
- Comment expliquer que tant de personnes soient allé se concentrer dans des régions où le taux de chômage est plus important que dans la région de départ (même s’il faut multiplier par la population de la région pour estimer les réelles opportunités d’emploi)
- Le migrant comme consommateur
- Arbitrages entre consommation et épargne pour envoyer de l’argent à la famille. Capacité des migrants à économiser et à sacrifier la consommation atteint des niveaux incroyables, expliquant notamment les entassements dans les logements.
- La décision de migrer en réaction à la pauvreté relative
- Comment éclairer la décision de migrer en prenant en compte :
- l’auto sélection des migrants
- Répartition sociologique des migrants : niveau d’éducation, charge de famille, âge, différentiel d’éducation par rapport à la population locale, …
- Plus hétéro sélection : des états de destinations, des recruteurs, …
- Les effets de la politique migratoire
- La gouvernance : conflits, réduction des libertés, faiblesse des institutions
- Éléments politiques favorisant la migration (départ)
- Les effets de réseaux
- Allège le coût de l’information, de l’installation lorsqu’on arrive, crée des opportunités d’emploi, de logement,
- Comment articuler la décision individuelle et la décision de ménage
Nouvelle théorie économique des migrations
Variante du modèle néo-classique à qui on attribue le mérite de remettre en cause le caractère irréaliste du modèle néoclassique. Cette théorie reste d’inspiration néolibérale et conserve la notion de décision rationnelle. Celle-ci est prise à l’issue d’une évaluation faite par les migrants de l’impact d’une série de facteurs positifs, négatifs ou neutres, tant dans le pays d’origine que de destination, ainsi que des obstacles qui jalonnent le chemin entre le pays de départ et de destination (distance, coût de transaction, cout d’opportunité : changer de langue, se retrouver seul, difficultés d’intégration, …). La migration étant enclenchée uniquement si les gains sont plus élevés que les coûts
Ses principaux apports par rapport au modèle précédent sont que :
- La décision de migrer est le fruit d’une décision familiale, pas d’une décision individuelle
- Le Ressort de la migration n’est pas seulement l’écart net de revenu entre zone de départ et zone de destination mais c’est la perception du revenu relatif au sein de la société de départ
- Mon revenu s’écarte-t-il de celui de mes voisins? Si celui du migrant qui revient pour les vacances me paraît en écart par rapport au mien, alors je m’interroge sur la base du « pourquoi lui et pas moi? » Cette observation constitue une forme d’information très palpable et réelle, modifiant la condition d’obtention de l’information (de première main, de visu)
- La migration est une forme d’assurance s’inscrivant dans une stratégie plus générale des ménages contre les aléas qui pèsent sur les revenus agricoles, aléas qui sont aggravés par la non existence d’un système fiable de crédit bancaire ou d’assurance et d’un système de couverture sociale adéquat
- Ce système suppose la garantie de la loyauté du « délégué » envoyé à l’étranger, et peut générer des systèmes de type du ticket chinois (création d’une dette justifiant l’enfermement dans une surveillance communautaire) ou conseils communautaires visant à s’assurer que l’argent renvoyé au pays soit bien utilisé pour la communauté et ne crée pas d’inégalités localement, mais au contraire les réduise
- Le calcul coûts / bénéfices peut être très faussé par :
- le caractère excessivement optimiste de l’information transmise par les migrants précédents qui ont besoin de sauver la face, d’afficher leur réussite en rentrant au pays même si celle-ci n’est pas réelle. Il s’agit d’un mécanisme de préservation de leur cohérence cognitive (difficulté de se déjuger aux yeux des autres). Besoin social fondamental : les autres doivent penser qu’il a amélioré son sort.
- la sous-estimation du coût de la migration pour ceux qui sont témoins de ces retours : durée du séjour (notamment au fur et à mesure que les enfants grandissent : augmentation du coût du retour)
- la sous-estimation des problèmes de ségrégation
Sujet d’étude actuel : La migration est aussi un mouvement dans l’espace social (pas si évident à quantifier car s’il est facile de parler de la mobilité sociale au sien du pays d’origine et de la mobilité sociale au sein du pays de destination, il est souvent difficile d’établir des liens entre les espaces sociaux des pays d’origine et de destination. Ce qui peut être une mobilité sociale vu du pays d’origine peut ne pas l’être du pays de destination.
Une partie de l’hostilité vis-à-vis des immigrés vient du fait que l’on ne supporte pas que l’on vienne faire cette mobilité sociale chez nous. La réussite des autres nous indispose d’autant plus que nos propres projets de mobilité sociale peuvent être contrariés.
Théorie de la segmentation des marchés de travail
A partir de cette théorie, on passe d’un modèle micro d’explication de la décision individuelle (même s’ils pouvaient présenter des contraintes collectives, notamment de famille) à des modèles beaucoup plus macro, où les acteurs sont des forces collectives de très grande ampleur.
Le migrant n’est plus un acteur capable de calculer son intérêt bien compris et de faire ses choix en conséquence. Dans cette théorie néo marxiste, le migrant est la victime de forces macroéconomiques qui le dépassent :
- Forces de répulsion (push factor), qui jouent assez peu en regard des
- Forces d’attractions (pull factor)
Relatif désintérêt pour ce qui se passe dans les pays de départ, intérêt porté sur les besoins des pays industriels de destination en route vers la globalisation, qui vont régler les mouvements de la migration dans cette théorie
La migration internationale est induite par une demande de travail bon marché flexible bon marché, caractéristique des pays industriels
Dans cette vision, le marché du travail est divisé en deux secteurs :
- Primaire : secteur hautement protégé. Emplois hautement qualifiés et stables qui accompagnent la conduite des systèmes techniques les plus élaborés, qui sont produits par l’investissement intense en capital physique. Salariés plutôt syndiqués, ou a minima protégés par des conventions collectives, qui ont des grilles indiciaires, des contrats durables. Salariés globalement protégés des cycles économiques (difficilement congédiables en cas de récession). Leur salaire ne reflète pas l’état du marché du travail (état de l’offre et de la demande).
- Secondaire : vulnérable. Emplois peu qualifiés, exposés aux licenciements en fonction de la conjoncture. Pour pallier au manque de main d’œuvre dans ce secteur, les employeurs font appel à trois catégories de travailleurs, censés accepter plus aisément ces emplois transitoires et exposés : jeunes, femmes, immigrés. Ces derniers ne revendiquent pas de salaire stable assorti de reconnaissance statutaire, puisque ce qu’ils cherchent, c’est à percevoir une rétribution notablement supérieure à celle qu’ils auraient reçu dans leur pays d’origine. S’ils en tirent honneur et prestige, ce n’est pas dans le pays hôte mai dans le pays d’origine. Mais pas le même lien entre la rétribution et le statut social. Sont prêts à accepter des conditions que le premier secteur ne pourrait pas accepter
La migration vient alimenter le système secondaire, et dans une moindre mesure, le système primaire. Des migrants légaux vont s’intégrer dans le système primaire (France est un exemple où l’industrie a réussi à intégrer de façon durable des immigrés, pas uniquement en les vouant à la clandestinité) et les migrants illégaux vont s’intégrer dans le secondaire (cas des USA qui intègre des gens en les vouant à la clandestinité : 11 à 12 millions de clandestins présents car les entreprises en ont besoin, petites et grandes : les employeurs disent qu’ils préfèrent avoir des migrants qui ne parlent pas anglais car ils ne peuvent pas s’informer, s’organiser, plutôt que des migrants indiens par exemple qui parlent anglais)
Les grandes multinationales encouragent le système, emploient toute une main d’œuvre relativement précaire et aident les migrants d’une certaine manière à poursuivre leurs carrières clandestines en les dotant des réseaux sociaux, portables, … qui leur permettent de franchir plus aisément les frontières.
Cette théorie a eu un nombre important de débouchés dans l’étude des techniques et réseaux de contournement (qui sait falsifier les papiers ? les utiliser ? …) avec un lien avec les stratégies d’intermédiation (les passeurs)
Théorie des système monde
La segmentation du marché du travail a aussi une traduction planétaire, qui est la distinction entre le centre et la périphérie.
Le centre est constitué des pays occidentaux, et le centre du centre sont les grandes métropoles mondiales (NYC, Londres, Sydney, …). Le centre a besoin de la périphérie mais tient cette périphérie dans une sorte de seconde zone.
On pouvait croire que le regroupement des populations dans les centres urbains présenterait de moins en moins d’intérêt avec l’intensification des échanges, la fluidité des capitaux, la circulation immatérielle de l’info, la délocalisation de l’industrie dans les pays à bas salaires, … Or, cette complexité accrue du système capitaliste mondial a provoqué, à des fins de gestion, une concentration des fonctions de décision et d’intermédiation dans des centres urbains névralgiques, qui sont les villes mondes, les villes globales, telles NY, Londres, Tokyo, Paris. Cela va déclencher des migrations de travail hautement qualifié vers ces grandes villes. Ces centres dirigent leurs activités à distance sans se soucier des frontières nationales.
Les villes globales sont les centres de concentration privilégiés de la main d’œuvre immigrée, mais aussi de polarisation sociale caractéristique des territoires globalisés, où émergent de nouvelles classes transnationales, celle des élites circulantes dirigeantes, et celle des migrants travailleurs précaires
Les états ne disparaissent pas pour autant mais deviennent le bras armé de ce système international. Ils sont phagocytés par les agents de la mondialisation, tout en conservant leur caractère national culturel propre
Dans des secteurs économiques qui ne peuvent pas se délocaliser (tels que l’agriculture intensive, l’économie touristique, la construction, les services domestiques et de soin à la personne, aujourd’hui principales niches d’insertion professionnelle des migrants), c’est la main-d’œuvre qui est « délocalisée sur place » via la migration. Parfois organisée en systèmes de circulation, et souvent contrainte à des statuts d’exception autorisant de bas salaires et une flexibilité maximale, voire à l’irrégularité –le travailleur sans papier, peu cher, flexible, peu revendicatif, cantonné dans une situation d’instabilité et d’insécurité majeure, est en effet un outil de compétitivité économique.
A mesure que l’activité prédatrice des multinationales étend son emprise sur les nations périphériques, mais aussi dans les zones périphériques des pays du nord (comme dans une forme de seconde colonisation à la fois externe et interne), le monde se complique et se brutalise.
En complément, l’essor des nouvelles technologies requiert des percées scientifiques inouïes, qui s’accompagne du développement d’une industrie extractive (de métaux rares) qui accapare les terres (notamment en Afrique subsaharienne), ravage les territoires périphériques des pays du sud, avec à la clef l’expulsion brutale de populations entières les forçant à migrer.
Théorie du capital social
La théorie du capital social est la théorisation des avantages que les candidats à la migration tirent de leurs contacts à l’étranger lorsqu’ils évaluent l’opportunité d’un départ, d’un retour ou d’un nouveau départ.
Elle s’appuie sur la première partie de la définition que Bourdieu donne du capital social : « ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionalisées, d’interconnaissances et d’inter reconnaissances. »
Selon celle-ci : parmi les personnes qui envisagent de migrer, les liens avec les migrants actuels ou passés représentent un atout social de valeur car ils peuvent être utilisés pour acquérir des informations et une aide qui réduisent les coûts et risques d’une entrée dans le pays de destination et augmentent les chances d’y trouver un emploi. Les premières raisons que l’on avait de migrer évoluent : la perception et l’évaluation des coûts sont revus à la baisse : on est accueilli par des membres de la famille / cercle relationnel qui sont déjà au lieu de destination.
Cette théorie présente un lien fort avec le regroupement familial (droit à mener une vie de famille normale : on peut être rejoint par son conjoint ou ses enfants mineurs). On rappellera sur ce thème la spécificité des USA, qui sont LE pays du regroupement familial : on peut être rejoint non seulement par son conjoint et es enfants, mais également par ses frères et sœurs (collatéraux), même s’ls sont dans des catégories à part (il leur faudra attendre plus longtemps : 10 / 15 ans…).
Le capital social familial est un élément central de l’intégration, qui a été pris en compte par les gouvernements. Exemple du Canada : quand ils mettent en place le système à points, le plus haut nombre de points attribués était la présence d’un membre de la famille (sponsors / parrains) sur place. Le calcul qui est fait est que si on a déjà des parents sur place, on sera plus facilement intégré.
Dans les années 90, ce sont toutefois les critères de capital humain (niveau d’instruction, maîtrise des langues, années d’expérience professionnelle, …) qui prennent le dessus.
Le capital social peut avoir des composants positives et négatives, selon la relation crée autour du lien social est incluante ou excluante. Cela est vrai aussi pour les migrants. Ex : allègement des coûts d’obtention de l’information, qui peut se retourner contre les migrants par des phénomènes de mafia, de passeurs, ou l’organisation des migrations autour d’un système de dette, d’un système de contrôle sévère de la loyauté du migrant qui a été délégué par le groupe (endettement, tontine, …)
Cette théorie présente une limitation importante : elle explique moins l’origine des flux migratoires que leur entretien et leur perpétuation. Cela explique la décision de migrer pour un individu donné, mais explique surtout qu’au sein d’un groupe il y a une décision collective, échelonnée qui s’observe.
Théorie de la causalité cumulative
Le mécanisme de la causalité cumulative est un engrenage inexorable, un emballement. La causalité est cumulative car chaque acte de migration modifie le contexte social dans lequel se prennent chaque décision ultérieure de migrer, et ce à travers toute une série de processus qui accroissent la probabilité de nouvelles migrations.
Massey énumère 7 processus cumulatifs :
- Etendue des réseaux de relation : Un réseau de parents et amis, une fois passé un seuil critique, tend à se perpétuer en raison des économies d’échelles effectuées sur le coût d’obtention de l’information. Chaque nouveau migrant profite des informations de ses prédécesseurs sur les opportunités d’emploi et de logement, et contribue à son tour à abaisser le coût de l’info pour les migrants suivants. La chaîne migratoire finit par emporter une part significative de la société locale. Dans certaines communautés étudiées par Massey, on peut atteindre 1/4 voire 1/3 de population partie
- Redistribution des revenus : La migration modifie sur le lieu de départ la distribution relative des revenus. En découvrant que telle ou telle famille voisine bénéficie des remises de fonds envoyées par leurs membres qui ont migré, les non migrants se sentent désavantagés (théorie du revenu relatif), qui est une incitation à migrer
- Répartition de la terre : Les migrants réalisent leur rêve et achètent des terres au pays, mais peu de chances qu’ils viennent les cultiver, surtout s’ils gagnent plus dans une activité salariée, que dans une activité agricole qui reste aléatoire. Cette absence des nouveaux propriétaires rarifie et renchérit les terres au détriment des voisins restés sur place, qui subissent une pression migratoire plus importante et sont incités à migrer.
- Évolution des techniques agricoles : Si les nouveaux propriétaires parviennent à les cultiver ou à les faire cultiver, ils auront tendance à pratiquer une agriculture plus mécanisée avec engrais, semences améliorées, … ce qui va réduire l’emploi de la main d’œuvre locale et l’incitera à quitter les lieux. Changement de modèle agricole plus riche en capital, moins riche en main d’œuvre locale
- Acculturation des valeurs et systèmes de préférences. Les migrants qui vivent au nord s’accoutument aux biens de consommation et modifient progressivement, mais de façon irréversible, leur système de valeur et de préférence.
- Redistribution du capital humain :
- À mesure que la migration se banalise, elle se fait moins couteuse et moins sélective. Les pionniers de la migration sont les plus instruits de la population (notion parfois relative : il peut s’agir des seuls qui savent lire et écrire au sein d’une population non éduquée), les plus motivés, ceux qui peuvent investir dans leur capital humain.
- Une fois ceux-ci partis, les migrants qui entrent à leur tour dans la filière migratoire sont moins instruits que leurs prédécesseurs.
- Valeur sociale du travail : Les immigrés ont tendance à se spécialiser dans certains emplois à mesure que la filière se consolide, ces occupations sont culturellement perçues comme des occupations d’immigrés. Ces métiers sont dévalués dans l’opinion commune non pas du fait de la valeur intrinsèque du travail effectué, mais parce qu’ils sont tenus par des immigrés. Et ces emplois attirent de nouveaux immigrés.
Tous ces phénomènes renforcent la migration. Mais pour autant, tout cela ne peut pas durer éternellement. Il y a une forme de saturation des secteurs de destination, et une stagnation, même si on ne comprend pas bien le mécanisme qui amène à avoir un rendement décroissant de la causalité cumulative.
Mise à l’épreuve des théories des migrations
Le Mexican Migration Project
Le comité Massey s’est efforcé non seulement de lister les théories qui ont fait date. Mais Massey a également entrepris de les mettre à l’épreuve de la pratique dans le cadre de son observatoire des migrations mexicaines, le Mexican Migration Project. Si l’exemple peut paraître lointain, il est fondamental car il s’agit, de très loin, du principal couloir migratoire au monde (11 à 12 millions de Mexicains vivent aux états unis, le second couloir n’est que de quelques millions).
Les premiers résultats sont publiés dans un grand article en 1997 : qu’est-ce qui pousse à migree du Mexique aux USA, analyses théorique, empirique et de politiques publiques.
Le titre de l’article fait allusion à la politique migratoire des USA, qui visait à l’époque à réduire l’immigration clandestine, qui avait repris son cours après la grande régularisation sous Reggan en 1986. (les américains ne parlent pas de régularisation mais d’amnistie). Le sujet avait été très étudié, mais il est à noter que la grande régularisation de 86 n’a pas encouragé à une migration clandestine plus importante, mais n’a pas empêché non plus qu’elle reprenne son cours.
Le congrès s’était inspiré de la théorie néoclassique : la décision de migrer ne dépend que d’un calcul coûts bénéfices que fait le migrant, et au fond, pour décourager les migrants, il suffit de renchérir le coût de la migration.
Dans cette perspective, tester la théorie néoclassique revient à évaluer la politique migratoire de l’époque, d’où le troisième terme du titre de l’article.
Méthodologie
Une étude de grande ampleur est menée (25 communautés, sur 4850 foyers, représentant une population de 2,3 millions de personnes après extrapolations).
Cette étude présente quelques biais représentatifs car par construction, les catégories suivantes en sont exclues :
- Personnes qui migrent seules
Ménages qui migrent en bloc, ne reviennent pas à Noël, ont pratiqué une migration de rupture, alors que la fréquence des visites de retour fait même partie des sujets que l’on veut étudier (comportements transnationaux) - Il en découle une surestimation de la migration circulaire (on ne voit que les gens qui reviennent, sous-estimation de la diaspora fixe qui ne revient pas).
Elle est pour autant très novatrice et particulièrement enrichissante car elle étudie la migration non pas depuis le point d’arrivée (ce qui est certes plus simple, mais présente d’immenses biais représentatifs, bien plus importants que ceux exposés plus haut : on ne peut étudier que les raisons de migrer, pas celles de ne pas migrer, ni de repartir !), mais depuis le point de départ.
Cette étude porte sur l’histoires de vie des chefs de ménage depuis l’âge de 15 ans et données sur les conjoints et enfants, y compris ceux ayant quitté le foyer. Chaque personne est décrite année après année par une quarantaine de données personnelles, familiales et contextuelles. L’objectif est de savoir dans quelle mesure les caractéristiques enregistrées une année donné permettent de prédire une migration l’année suivante. Il ne s’agit pas seulement de calculer comment évoluent dans le temps les probabilités de migrer, mais de peser séparément le poids de chaque facteur qui influe sur la décision de migrer.
Une liste importante de facteurs explicatifs est envisagée :
- Démographie et structure du ménage (Âge, état matrimonial, charge de famille)
- Capital humain des personnes (Expérience professionnelle, durée de la scolarité)
- Capital social
- Avoir de la famille aux USA (père ou mère dans 18% des cas, frère ou sœur dans 35% des cas de l’’échantillon de base -> pose un problème dans a représentativité de l’enquête)
- Vivre dans un village ou quartier où les gens ont déjà beaucoup migré (12% de la population des localités incluses dans l’échantillon ont déjà migré)
- Capital physique (Possession de terre, maison ou commerce)
- Infrastructure communale :
- Présence d’école professionnelle (aide à fixer sur place ou au contraire à donner des qualifications valorisables à l’étranger –> 40%), d’une agence bancaire (90% –> mesure de l’accès au crédit, critère très fréquent dans les théories des migrations), d’une route asphaltée (90%)
- Marché du travail local (Inégalité des revenus, proportion d’indépendants, part d’emploi féminin dans l’usine locale)
- Structure agraire (Part de l’emploi agricole, part des terres cultivables, accès aux terres vaines communales)
- Conjoncture économique et financière au Mexique
- Ratio salaires locaux / salaire espéré aux USA (rapport moyen de 1 à 14 !)
- Dévaluation du peso
- Taux d’inflation au Mexique (26% à l’époque !)
- Investissements étrangers dans la zone (+25% sur la période)
- Evolution économique USA
- Croissance de l’emploi aux USA, taux d’intérêt réel aux USA
- Politique migratoire aux USA : Offre de titres de séjour (seulement 9% de la demande mexicaine), probabilité d’être appréhendé à la frontière (risque d’environ 35%), sanctions contre les employeurs de main d’œuvre clandestine (9% seulement des années d’emploi), un membre de la famille déjà régularisé
- Services sociaux aux USA (Assistance publique, soins médicaux, scolarisation (montants très faibles)
L’objectif de l’enquête et de déterminer quels sont les facteurs les plus prédominants ? Et à travers ceux-ci d’identifier les théories des migrations les plus pertinentes.
Explication des premières migrations
Les effets les plus fort constatés (présentent une probabilité de migrer multipliée par au moins 2 entre les 5% de l’échantillon les plus démunis d’un facteur donné et les 5% les mieux dotés de l’échantillon) sont :
- Migration antérieure père / mère / membre de la fratrie
- Part de la population ayant déjà migré
–> Théorie du capital social / filière familiale
- Communauté agricole ayant un accès restreint au crédit (mesure par les taux d’intérêt réel)
–> Nouvelle théorie économique des migrations : migration = assurance contre les aléas économiques affectant les exploitations agricoles ou les petits commerces
- Communauté locale bénéficiant d’un contexte économique favorable (et non l’inverse !)
- Part importante de salariés touchant le double du salaire minimum
- Proportion importante de femmes employées dans l’usine locale
–> Théorie de la dualité des marchés (considération du revenu relatif, développement rapide d’une économie émergente qui incite à migrer et non la persistance de la pauvreté)
Quid des autres facteurs ? Et donc des autres théories ?
Probabilité d’une nouvelle migration suite à une phase de retour.
Les facteurs les plus prédictifs sont les mêmes que ceux qui expliquent la migration initiale, auxquels s’ajoutent deux facteurs :
- Le fait que le conjoint (et pas seulement le père / mère / frère / sœur) a déjà migré aux USA
–> Massey en conclut que le capital social joue un rôle clef dans la deuxième migration - Le nombre de voyages effectués antérieurement et le nombre d’années d’expériences à l’étranger
–> Effet du capital humain dans sa composante expérience professionnelle acquise sur le tas
Eléments qui attestent la tendance de la migration à s’auto entretenir, à se perpétuer, y compris sous la forme d’une mobilité circulaire entre les deux pays. Cela frôle toutefois la tautologie : pourquoi migre-t-on à nouveau ? Parce qu’on a déjà migré… Pourquoi cherche-t-on du travail ailleurs ? Parce qu’on y a déjà travaillé
Conclusion globale du Mexican Migration Project
Si les écarts de salaire sur place / destination jouent un rôle important dans le fait qu’il y ait une forte migration, ils ne jouent pas de rôle différenciateur fondamental, au sens où ce facteur n’explique pas pourquoi certains migrent et d’autres pas. Le MMP constate que, toutes choses égales par ailleurs, les salariés les moins bien payés ne migrent pas plus que les salariés les mieux payés, c’est même plutôt l’inverse, leur probabilité de migrer est légèrement moindre.
La dévaluation du peso, qui va encore creuser le différentiel de salaire entre origine et destination n’a pas non plus relancé la migration car d’autres facteurs jouent, à commencer par la perpétuation des filières, qui est devenue indépendante de la conjoncture économique et financière. C’est un phénomène récurrent dans les pays de vieille immigration, dont la France fait partie.
Massey a ainsi démenti à partir de données d’observation que « plus on est pauvre, plus on migre ». C’est faux à l’échelle individuel, c’est faux à l’échelle des communautés locales (village ou quartier), c’est faux à l’échelle des régions (les états foyer de la migration mexicaine vers les USA n’étaient pas les plus pauvres du Mexique).
Massey discrédite également l’idée très ancrée dans le débat public américain selon laquelle la propension des Mexicains à migrer serait très liée au montant des aides sociales ou aides médicales. Leur variation dans le temps et l’espace s’avère sans effet.
Ce n’est pas la misère ou le sous-développement qui poussent à migrer, c’est un processus dynamique de développement et d’industrialisation qui augmente les salaires et attire la main d’œuvre féminine dans les usines.
La migration est encore très circulaire dans les années 80, alors que dans les années 90, la fréquence des retours commence à faiblir. Massey tire le diagnostic sur la situation actuelle de la migration mexicaine : seuls les immigrés titulaires d’un titre de séjour officiel peuvent désormais circuler entre USA et Mexique, et revenir s’établir le moment venu dans leur pays d’origine.
Massey indique par ailleurs qu’il n’y a quasiment plus de mouvements de population clandestine à la frontière USA Mexique depuis la grande régularisation de 2008. Paradoxe : c’est au moment où les sans papier ont quasiment disparus que Trump veut construire son mur…
Ceux qui sont déjà sur place (au moins 8 millions de sans-papiers) sont piégés et ne repartent pas de peur de ne pas pouvoir revenir. Tandis que ceux qui ont des papiers peuvent revenir chez eux (et environ un tiers le font après avoir réussi leur migration), les sans-papiers restent. Le résultat obtenu est contraire à celui souhaité par le pays de destination (d’avoir plus de gens avec papier et moins sans papiers).
En conclusion : les forces qui poussent à migrer du Mexique aux USA ne sont pas celles auxquelles pensent la majorité des politiques et citoyens qui abordent le sujet.
Qui de la migration à destination de l’Europe?
Plusieurs enquêtes reprenant les fondements méthodologiques du Mexican Migration Project ont été conduits sur la migration Africaine à destination de l’Europe. On citera notamment l’enquête MAFE (migration entre l’Afrique et l’Europe) menée principalement durant les années 2007-2008. 3 pays de départ, 6 pays d’arrivée. Idée : comparaison des sénégalais qui migrent vers la France et ceux qui migrent vers l’Espagne / Italie.
Un premier jeu de conclusions recoupe celles issues des observations du Mexican Migration Project :
- Rôle du capital humain au travers de la confirmation du lien fort entre migration subsaharienne vers l’Europe et niveau d’éducation
- La migration a un cout important. La migration est un processus sélectif, tout le temps et partout, mais cela est encore plus sensible en Afrique subsaharienne : les moins instruits n’ont pas les réseaux suffisants pour acquérir un visa.
- Les pays d’Afrique subsaharienne présentent deux modèles de migration : migrer vers d’autres pays africains (et tout particulièrement d’Afrique subsaharienne) ou migrer vers le nord, très majoritairement en Europe
Les gens qui migrent vers le nord sont plus instruits que ceux migrant vers les pays limitrophes
- Rôle fort du capital social : les effets d’un réseau familial / amis proche ayant déjà migré s’ajoute et complète le facteur explicatif éducation
- Retour spontané (hors reconduite à la frontière ou aide au retour) est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense, même si il stagne ces dernières années :
- 5 ans après leur départ, 25% des sénégalais sont retournés au pays
- Plus les conditions de départ étaient faciles (légales), plus les retours sont nombreux
Confirmation de la situation vue par le MMP : les sans-papiers sont bloqués dans le pays de destination, ceux qui peuvent circuler sont ceux en situation légale. Donner des papiers revient bien à faciliter le retour.
- Retour spontané (hors reconduite à la frontière ou aide au retour) est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense, même si il stagne ces dernières années :
L’étude fait également apparaître des spécificités propres au contexte de l’étude :
- Poids de l’histoire dans les comportements migratoires des différents pays. Ce point s’exprime notamment par l’absence de différence face à la migration selon le sexe en République Démocratique du Congo, alors que ce critère est très différenciateur au Sénégal. :
- La RDC a été historiquement beaucoup plus instable que le Sénégal, dans un état de crise quasi permanente, avec un taux de chômage également beaucoup plus élevés. Les femmes ont été obligée d’être plus autonomes économiquement en RDC, alors que les sénégalaises vivent dans une société plus traditionnelle (poids des confréries religieuses notamment). Les comportements autonomes des femmes sont plus difficiles à développer au Sénégal qu’au Congo
- La tendance générale est que les Sénégalaises suivent leur mari dans la migration, alors que les congolaises sont plus souvent les pionnières (1er membre de la famille qui migre), chose très rare chez les sénégalaises
- Une fois la migration effectuée, le réseau des Sénégalaises est plutôt centré sur le conjoint, tandis que le réseau des Congolaises plus étendus et différenciés
- Poids de la nouvelle théorie économique des migrations par la comparaison des comportements selon le pays de destination : rotation beaucoup plus forte dans les migrants ayant migré vers l’Afrique que vers les pays du nord
- Différentiel de salaire plus important entre le pays d’origine et le pays de destination plus importante en Europe qu’en Afrique –> incitation à rester plus forte en Europe
- Explication à combiner avec l’incertitude sur les possibilités de se réinsérer lors d’un retour au pays : plus le départ a coûté, moins il est facile de décider de rentrer.
- La RDC a été historiquement beaucoup plus instable que le Sénégal, dans un état de crise quasi permanente, avec un taux de chômage également beaucoup plus élevés. Les femmes ont été obligée d’être plus autonomes économiquement en RDC, alors que les sénégalaises vivent dans une société plus traditionnelle (poids des confréries religieuses notamment). Les comportements autonomes des femmes sont plus difficiles à développer au Sénégal qu’au Congo
Là aussi, les forces qui poussent à migrer depuis les pays d’Afrique subsahariennes ne sont pas celles auxquelles pensent la majorité des politiques et citoyens qui abordent le sujet.
Sources
Cours du collège de France : pourquoi migrer par François Heran
Tribune dans le monde de François Héran : « Il est temps que nos dirigeants tiennent sur l’immigration une parole de raison plutôt qu’un discours de peur »
Publications de l’institut Convergences et Migrations
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