Le sujet de l’école et de l’éducation autour duquel nous venons d’échanger montre à quel point la connaissance est indispensable à l’émancipation, vecteur de liberté .
Pour autant, elle n’est pas le seul espace où cette connaissance peut être dispensée .
L’avènement du numérique , rend le savoir beaucoup plus, voire complètement accessible.
Mais ce déversement de données permet il vraiment de s’émanciper ?
Toute comme la multiplicité des médias aujourd’hui permet elle de mieux s’informer et de fait, d’apprendre de nouvelles connaissances ?
Il convient de s’interroger sur l’accès au savoir via le numérique et sur l’accès à l’information via les médias .
L’accès au savoir via le numérique
De quel savoir parle -t-on ?
Il peut s’agir d’une connaissance à visée scolaire ou prétendue comme telle, ou bien une culture personnelle permettant à chacun de découvrir d’autres savoirs afin de développer son sens critique et donc sa capacité d’analyse .
La connaissance à visée scolaire est évidemment présente dans l’espace numérique , notamment à travers les MOOC ( massive open online courses) apparus sur internet en 2013. Ils ont aussitôt suscité un engouement important à tel point que la ministre de l’enseignement supérieur de l’époque mme Geneviève FIORASO en faisait la promotion .
Ce système de formation a recours à des ressources éducatives libres . Il permet à de nombreux étudiants de participer à un cours en ligne simultanément avec des enseignants.
Il apparaît de prime abord comme une solution idéale pour permettre à chacun d’accéder aux études , plus de temps perdu dans les transports , plus de frais de logement ou de frais d’inscription plus ou moins coûteux pour accéder à une université .
Il n’est cependant pas exempt de critiques et d’aucun s’en sont fait l’écho arguant du fait qu’il s’agirait plus de marketing académique que de numérique pédagogique . En effet cet enseignement supérieur n’a pas produit les effets escomptés . Les certifications délivrées à l’issue , par exemple , sont moins reconnues par les entreprises que celles acquises en présentiel.
Ce mode d’enseignement est pointé du doigt car il se fait au détriment du contenu des programmes.Ce système risque de mettre en place une privatisation des cours et une mise en concurrence exacerbée des facultés dans un contexte de restrictions budgétaires et d’autonomisation des universités .De même, l’accès différencié au numérique, à l’équipement informatique, l’appauvrissement de l’offre et de la qualité des cours, les problèmes pédagogiques ainsi que l’isolement des étudiants sont autant de facteurs d’inégalités dans l’accès à l’enseignement supérieur par ce biais .Aux Etats Unis le développement des MOOC s’est fait concomitamment à l’augmentation des frais de scolarité des universités américaines .Ce système a suscité beaucoup d’espoirs car il devait révolutionner positivement le monde de l’éducation grâce à la dématérialisation de l’accès à l’enseignement , le renouvellement de la pédagogie) .
Il est apparu finalement décevant . D’un point de vue financier tout d’abord . L’étudiant pense accéder à un enseignement gratuit , ce qui est le cas pour le produit d’appel mais non pour les produits annexes , notamment les certifications .
Des études ont montré que la moitié des apprenants ont l’impression de n’avoir acquis aucun savoir. En effet les MOOC sont responsables d’une attention morcelée, de décrochages facilités ,contrairement aux cours magistraux qui produisent un dispositif socio-technique d’attention conjointe .
Force est donc de constater, que l’enseignement via le numérique, n’est pas la panacée pour les étudiants n’ayant pas les moyens matériels d’accéder aux universités , auxquelles il ne peut se substituer, en tout cas pas dans le mode actuel . Pourtant , malgré ces résultats peu concluants on peut s’interroger tout de même pour savoir si ce mode d’enseignement ne risque pas de retrouver un nouvel essor avec la scolarité au lycée telle qu’elle vient d’être décidée.
En effet aujourd’hui à la fin de la troisième les élèves doivent choisir les spécialités qu’ils veulent étudier. Que se passera-t-il si celles choisies ne le sont pas dans les établissements voisins . On évoque déjà aujourd’hui les cours mutualisés entre établissements , l’enseignement à distance par le CNED qui est payant et peut être bientôt aussi l’enseignement via le numérique avec les travers que l’on connait .
Cependant tout n’est peut être pas négatif dans le numérique , il peut tout de même être viable mais dans un autre contexte , comme un support dans le cadre d’une formation professionnelle par exemple . Il sera difficile pour l’école d’y échapper mais ce mode d’apprentissage que sont les classes inversées, enseignement interactif les learning labs doivent seulement peut être, être le complément d’une manière plus traditionnelle d’enseigner c’est en tout cas l’opinion de Michel Serres qui s’exprime de la façon suivante « de même que la pédagogie fut inventée ( paideia) par les grecs, au moment de l’invention et de la propagation de l’écriture, de même qu’elle se transforma quand émergea l’imprimerie, à la Renaissance, de même , la pédagogie change totalement avec les nouvelles technologies . »
Il s’agit d’un bouleversement profond mais c’est peut être aussi l’occasion d’inventer, c’est peut être même un devoir de le faire pour ne pas subir ….
Il intervient dans l’école mais aussi dans notre accès au savoir qui nous permet d’acquérir une culture personnelle .
Culture personnelle, cette expression trouve tout son sens dans le monde du numérique, espace regorgeant d’une multitude de données livrées à un internaute isolé .
Mais ces données constituent elles toujours un savoir ? Comment s’y retrouver face à cette abondance ?
L’adage « abondance de biens ne nuit pas » s’applique -t-il aux biens culturels ?
A l’évidence oui .L’espace numérique permet aujourd’hui à chaque individu , à condition qu’il possède le matériel adapté , d’accéder à l’art en général , de visiter certains musées à distance, de se documenter sur des œuvres qui l’intéresse, de voir tous les films qu’il veut tout comme écouter tout ce qu’il veut .
Il est fini le temps où les parents devaient économiser voire emprunter grâce à des prêts bancaires spécifiques pour acheter l’intégralité des encyclopédies afin d’accéder à la connaissance .Pour autant ce mode d’accès à la culture est il satisfaisant et se suffit il en lui même ?
Une fois encore, on doit constater qu’il permet d’y accéder dans des conditions matérielles peu coûteuses notamment pour les personnes qui sont éloignées des centres culturels ou qui vivent dans des zones enclavées mal desservies, car on peut imaginer le coût généré par un voyage à PARIS pour une visite par exemple au Louvre si l’on habite dans une zone rurale du centre de la France, sans parler du délai .
Mais là encore cette liberté est elle réelle ou guidée par des algorithmes ? Qui n’a pas fait une recherches sur internet et ne s’est pas retrouvé à consulter d’autres sites que celui initialement choisi, par le biais des liens proposés. Evidemment cela permet de découvrir encore et encore mais est- ce un choix ou un glissement savamment orchestré dont nous ne sommes pas maîtres .
La découverte ne se fait pas donc pas de façon inopinée.En outre ce mode d’accès peut il procurer l’émotion ressentie devant une œuvre picturale dont le format n’est pas envisageable à travers la toile ? Tout comme assister à un concert et percevoir l’intensité du son et la puissance des instruments? Evidemment non , internet ne le permet pas .
Il faut donc constater là encore , que l’absence de moyens matériels est un frein dans l’accès à la culture hormis une culture purement documentaire, parfois guidée et dénuée de toute composante sociale inexistante dans l’espace virtuel .
La connaissance permet l’émancipation, pré-requis de la liberté, dans un monde où nous devons vivre , échanger et partager avec d’autres, ce vers quoi l’isolement d’internet ne nous pousse pas.
Face à l’immensité des sujets accessibles sur la toile , l’internaute, s’il n’a pas un esprit éclairé par son éducation peut se retrouver simple consommateur sans que la matière engloutie ne lui permette d’élaborer un quelconque raisonnement et une quelconque critique .
Un état de vigilance est donc nécessaire dans notre processus d’émancipation d’autant plus nécessaire que les sources d’information sont nombreuses , comme nous allons le voir .
L’accès à l’information est indispensable pour enrichir notre pensée tout au long de la vie, la maintenir en éveil et comprendre le monde dans lequel on vit afin d’y trouver notre espace de liberté .
Cette connaissance passe donc aussi par l’information via les médias .
Les media
Et d’emblée , il convient de s’interroger , une information est elle une connaissance ou un fait répété ,traduit, voire interprété .Quelle qualité doit posséder cette information pour accéder au statut de connaissance ? Doit on la croire telle qu’elle nous est présentée ou s’assurer qu’elle soit vérifiée pour l’accepter .
A l’heure des fake news propagées sur les réseaux sociaux il devient difficile de séparer le vrai du faux .
Or l’individu a besoin tout au long de sa vie d’acquérir de nouvelles connaissances pour s’émanciper et vivre libre dans un monde en perpétuelle évolution.Les médias , télévision , presse écrite sont des vecteurs indiscutables d’informations qu’ils mettent à la portée de tous . Pour autant on ne doit pas s’empêcher de vérifier qu’ils sont bien là pour informer de façon objective le public mais pas seulement ils doivent aussi éclairer celui ci de part leurs analyses.
Ces médias ont eux aussi besoin d’être libres sinon l’information diffusée pourra l’être dans un but bien différent que celui d’informer pour éclairer nos esprits.
C ‘ est ce que Noam CHOMSKY, linguiste et analyste politique très engagé, explique dans son livre paru à la fin des années 80 , « la fabrique du consentement . »
Dans son propos, il parvient à la conclusion que grâce aux médias et à d’autres méthodes de manipulation , les sociétés démocratiques n’ont rien à envier aux régimes totalitaires en matière de propagande et de conditionnement des esprits.
Sa démonstration concerne les Etats Unis . Il identifie cinq conditions qui, si elles sont remplies , permettent de dire qu’une démocratie est dans une stratégie de fabrication du consentement :
– la taille , l’actionnariat, et l’orientation lucrative des médias
– la régulation par la publicité
– les sources d’informations
– Les contre-feux et autres moyens de pression
– la création d’une peur collective
A la faveur de son analyse américaine on peut vérifier aujourd’hui que notre mode de fonctionnement médiatique présente lui aussi les caractéristiques d’une fabrique du consentement.
Concernant le premier point la taille, l’actionnariat et l’orientation lucrative des médias ,pour Chomsky ces point sont déterminants pour qualifier la nature de l’information produite et prouve l’existence d’un véritable système de fabrique du consentement .
En ce qui concerne la France , la presse y est libre, il existe des dizaines de chaines de télé, de radio , de titres de presse mais si l’on y regarde de plus près , il y a une réelle concentration sous des apparences de pluralité. TF1 appartient à BOUYGUES , 7ème entreprise de BTP au monde. Le Figaro appartient à DASSAULT INDUSTRIES, I-TELE, Daily motion, et une partie de CANAL + apparteinnent quant à elles à Vincent Bolloré, 8ème fortune française et également propriétaire de l’institut de sondage CSA. EUROPE 1, le JDD, Paris Match sont la propriété d’Arnaud Lagardère ; RMC, BFM, l’Expansion snt regroupés entre les mains de Patrick Drahi (6ème fortune française) qui est également propriétaire de SFR.
Le célèbre trio « Niel , feu Bergé et Pigasse » possède quant à lui, le Monde , Courrier international, Télérama, l’Obs et Rue 89. Sans oublier bien sûr, Bernard ARNAULT, 1ére fortune française qui possède les échos, le Parisien, Invesir, Radio Classique et une grande partie de la presse régionale .
En résumé, non seulement une dizaine de personnes possèdent la quasi -totalité des médias français
les plus influents mais ce sont les mêmes qui ont un poids économique considérable dans de nombreux secteurs industriels .
La question de leur indépendance ne se pose même pas .Il en est de même pour l’indépendance de ces puissances médiatiques vis à vis du pouvoir politique en place puisque la majorité des puissances financières qui possèdent ces médias exercent dans tous les secteurs d’activités qui sont
directement dépendants des commandes publiques. ( Bâtiment, travaux publics, télécommunication, armement , transport …)
Même s’ils semblent concurrents, ils ne manquent jamais de se retrouver sur le même objectif : reproduire et renforcer le système politique et économique que nous connaissons actuellement
puisque c’est justement lui qui assure leur existence , leur développement et leur puissance .
Le second point évoqué par Chomsky est en lien avec le premier , la régulation par la publicité .Pour le comprendre il suffit de citer les propos tenus en 2004 par Patrice Lelay alors PDG de TF1 : « il y a beaucoup de façon de parler de la télévision . Mais dans une perspective « business »soyons réaliste : à la base le métier de TF1 c’est d’aider Coca-Cola par exemple, à vendre son produit.Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est à dire de le divertir, de le détendre, pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola c’est du temps de cerveau disponible .Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité.C’est là que se trouve le changement permanent.. il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes , surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie , se banalise . » fin de citation .
Tout est dit, c’est bien la publicité qui va réguler l’information puisque c’est elle qui la finance .L’information ne pourra donc qu’être consensuelle faute de quoi les budgets seront supprimés ou confier à un autre média .
Evidemment aucun de ces médias ne diffusera un reportage portant atteinte à un de ses propriétaires .
Dans le même temps on peut s’interroger sur les journaux gratuits , pour fournir de l’information gratuite , il faut la faire financer par la publicité mais en outre la produire à moindre coût .On peut donc imaginer la qualité du contenu qui se limite à dupliquer les communiqués de presse , les dépêches sans aucune valeur ajoutée uniquement parce que ces sources sont gratuites ou très peu coûteuses
Toutefois elle peut profiter de cette diffusion massive , notamment aux abords des gares et des stations de métros pour diffuser des publicités très orientées .
En effet, Direct Matin quotidien gratuit, propriété de Vincent Bolloré, ne se prive pas tous les ans pour trouver un emplacement publicitaire de taille, pour promouvoir l’association caritative de l’abbé Grimaud , prêtre traditionaliste auprès duquel il se confesse et auquel il prête un superbe appartement avec vue sur Notre Dame .
Le mélange des genres n’a pas de limites .
Le financement de la presse, on le voit est donc un réel obstacle à son indépendance, qui pourrait seulement être assurée si elle n’était pas financée par des gros groupes industriel.Toutefois des moyens coûteux sont nécessaires pour garantir cette indépendance. Peut être revient il aux lecteurs de la financer lui même .
Le troisième point concerne les sources de l’information .
Elles sont de deux sortes ,celles qui alimentent l’information du citoyen et celles qui alimentent les médias .
Pour les premiers tout est fait pour leur faciliter la tâche , l’information vient à leur rencontre sous de multiples formes , il est difficile d’y échapper notamment avec les chaînes d’informations en continu. La mis en exergue de certains événements par ces chaînes orientent forcément et évitent ainsi de traiter de sujets moins consensuels qui pourraient porter atteinte à l’image du propriétaire du média concerné.Le public reçoit donc cette information et de façon répétitive si bien qu’il est impossible pour lui d’en contester la véracité .
Pour les seconds , la source d’information réside dans les grandes agences de presse, chacun se sert chez le même grossiste,et en devient le petit détaillant sans aucune valeur ajoutée ..
Il est ainsi beaucoup moins coûteux de reproduire une information prête à être publiée , « prête à penser » plutôt que de payer des reporters qui vont se livrer à des enquêtes longues et onéreuses.
Les médias vont même parfois jusqu’à s’alimenter eux mêmes , comme on l’apprend lorsqu’ils utilisent l’expression : « selon nos confrères ».
Ce système nivelle l’information par le bas et réduit notre probabilité d’avoir une information indépendante et des analyses différentes .
Enfin la présence d’experts, issus de médias appartenant au même groupe, invités à commenter l’information montre à quel point celle ci peut être sujette à caution . Ainsi certains experts fabriqués purement par les médias proclament des vérités qu’ils démontrent avec talent. Les invités des émissions dans lesquelles ils interviennent ne sont souvent pas avertis des points précis que l’expert va aborder afin de ne pas pouvoir préparer un contre argument.
Le matraque médiatique réalisé autour de ces experts leur permet d’être invités dans n’importe quelle émission et d’intervenir sur de nombreux sujets . Leur parole , sacralisée, par l’énumération de chiffres et de nombreux faits, devient vérité et ne peut être contredite .L’expert a parlé la messe est dite. Et dans l’esprit du public l’information est vraie .
On voit donc que la fabrique du consentement se met en place de façon très pernicieuse , indolore .
Pour parfaire sa mise en place , Chomsky évoque les contre-feux et les moyens de pression.
Il s’agit de créer un événement qui provoquera l’adhésion de la population . Deux possibilités existent dans ce cas , soit se saisir d’un événement réel ou s’il n’existe pas ne pas hésiter à la provoquer , l’exemple le plus connu est l’invention des armes de destructions massive en Irak pour justifier l’intervention militaire américaine.
L’autre solution est de laisser une situation se dégrader jusqu’à devenir insoutenable et que le citoyen lui même demande la mise en lace de mesures que l’on souhaite faire accepter .
Dans ce cas là toute contre argumentation devient impossible .
Enfin, le dernier critère utilisé par CHOMSKY dans son analyse de la fabrique du consentement à son époque était l’anti -communisme, argument qui ne peut plus être utilisé aujourd’hui depuis la chûte du mur de Berlin . Mais le principe a perduré , il s’agit tout simplement de susciter une peur même irrationnelle pour obtenir le consentement .Comme le communisme ne remplit plus son rôle d’épouvantail , des remplaçants ont été facilement trouvés : les russes, les musulmans, le terrorisme , La chine .
En fait le thème n’a aucune importance , le principe consiste à maintenir un niveau de peur suffisamment important et constant pour obtenir plus facilement le consentement et ceci quel que soit le domaine . Le discours est simple : « ayez peur , ne réfléchissez pas , nous nous occupons du reste ».
Une autre technique est enfin apparue récemment , celle du différé qui permet de présenter une décision comme nécessaire grâce aux techniques présentées précédemment mais de ne pas rendre son application immédiate , ce qui permet à l’opinion de s’y habituer et de ne pas y opposer finalement .
On voit donc à travers l’analyse faite par Chomsky de la fabrique du consentement que le système français en est, lui aussi ,un parfait fabricant, et que l’information proposée , voire imposée par les médias est loin de nous permettre de nous émanciper , bien au contraire et nous pouvons donc nos interroger sur notre capacité à faire des choix de manière éclairée pour accéder à la liberté .
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