Ce mois-ci dans l’actualité du combat laïque : l’influence des catholiques dans le gouvernement italien, persistance en France d’une instance de dialogue entre le gouvernement et l’église catholique instaurée par Lionel Jospin, multiplication des attaques contre la loi de 1905 : financement des crèches religieuses d’une part et guide de contournement de la loi de 1905 par le socialiste Jean Glavany…
Article du « Canard Enchaîné » en date de fin novembre sur l’influence des catholiques dans le gouvernement italien :
A la nomination de Mario Monti et du nouveau gouvernement : Une belle équipe ! s’est extasié le cardinal Bertone numéro deux du Vatican. Qu’on en juge le nouveau ministre de la culture était recteur de l’université catholique de Milan et vice-président du journal des évêques italiens. Le ministre de la santé préside le mouvement des diplômés catholiques sans compter les « pratiquants » aux transports à l’éducation et à la justice mais la star de ce casting très apostolique est le nouveau ministre de la coopération internationale et de l’intégration : Andréa Riccardi – soixante et un ans – fondateur en 1968 de la communauté de Sant’ Edigio une organisation d’abord tournée vers l’aide locale aux pauvres, aujourd’hui implantée dans soixante-treize pays dans le monde. En lançant des rencontres inter-religieuses cette communauté s’est mise à jouer un rôle d’intermédiaire dans la réconciliation des pays en guerre civile…Mozambique, Niger. Régulièrement interviewé en France par Le Pèlerin et La Vie, qui saluent un ami de longue date, M. Riccardi a mis en place entre selon La Croix une véritable diplomatie parallèle à celle du Saint siège. Historien spécialiste de Jean-Paul II, dont il fut proche, Riccardi a accepté d’être ministre dans l’espérance d’aider à l’œuvre du redressement national. La Banque du Vatican si admirablement gérée va-t-elle du coup participé au redressement de l’état italien ? Très francophile Riccardi dit de la France qu’elle jouit d’une terrasse sur le monde et qu’elle lui a enseigné à se promener sur les chemins de l’universel.
Le 11 janvier : réunion de l’instance de dialogue, entre le gouvernement et l’église catholique, instaurée par Lionel Jospin. Au menu de ladite réunion la laïcité, les aumôneries d’hôpitaux, l’accord sur la reconnaissance des diplômes conclu entre la France et le Vatican. Etaient présents le ministre de l’intérieur Claude Guéant, Laurent Wauquiez ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Henri de Raincourt ministre chargé de la coopération, et Nora Berra secrétaire d’état chargée de la santé. Du coté catholique : le nonce apostolique en France Monseigneur Luigi Ventura conduisait la délégation, composée du cardinal André Vingt-trois, Monseigneur Hippolyte Simon, Monseigneur Laurent Ulrich archevêque de Lille. « La tonalité générale était extrêmement détendue et conviviale » assure Claude Guéant. « Nos interlocuteurs catholiques se sont félicités des récentes initiatives sur le code de la laïcité, les correspondants laïcité dans les préfectures. Ils ont conclu qu’elles allaient dans le sens d’une meilleure connaissance mutuelle. » A la sortie de Matignon le cardinal André Vingt-trois, archevêque de Paris et président de la conférence des évêques a souligné que le souci légitime de préserver la laïcité ne devait pas se retourner contre ceux qui ont une pratique normale de leur religion dans la société républicaine. On constate ainsi la confusion entretenue : La laïcité n’est pas équivalente à une religion, elle est dans un autre champ qui englobe religions et non-religionn, croyances et non-croyance.
Crèche Babilou – Dernièrement la cour d’appel de Versailles a confirmé les jugements précédents et donc la validité du règlement intérieur de cette crèche. Pour faire suite à cette affaire une proposition de loi faite par une sénatrice concernait l’accueil de la petite enfance et donnait la possibilité d’intégrer la neutralité religieuse dans des structures qui avaient mission de service public. Cette proposition trouvée trop laïque par certains sénateurs dont le sénateur socialiste Alain Richard a donc fait l’objet d’amendements qui introduisent subrepticement des éléments très troublants. L’un d’entre eux valide finalement la notion de financement par l’état de crèches privées religieuses : « Toutefois lorsqu’elles bénéficient d’un aide financière publique ces personnes morales accueillent tous les mineurs sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyance. Leurs activités assurent le respect de la liberté conscience des mineurs. » Les crèches religieuses privées peuvent donc bénéficier d’aides financières publiques. La loi étend la notion de caractère propre et crée dans le secteur privé de la petite enfance la même chose que ce qui a été créé pour les établissements d’enseignements publics. Voilà comment prétendre contraindre ces crèches religieuses en leur donnant la possibilité de bénéficier de subventions publiques : Le respect de la liberté de conscience des mineurs n’est ici en fait qu’un prétexte pour contourner la loi de 1905. Il y a très certainement de nombreux républicains sur tous les rangs mais aujourd’hui la confusion est telle qu’il convient de faire un travail permanent de débroussaillage.
« Guide la laïcité » de Jean Glavany
Écrit en collaboration avec Dounia Bouzar, sociologue musulmane pour le moins ambiguë, et qui pourrait être sous-titré : Comment contourner la loi de 1905 ou comment appliquer le rapport de la commission Machelon ?
Entre la constitutionnalisation promise des deux articles de la loi de 1905 par le candidat socialiste à l’élection présidentielle et l’application du rapport Machelon par un parlementaire du même parti, quels sont les potentiels écueils ? Sont-ils dans une volonté de dé-laïcisation par le toilettage et donc le détournement de la loi de 1905 ou sont-ils tout simplement par méconnaissance dans l’erreur ? Il convient au sein de notre commission de travailler à partir d’une planche sur ce sujet de la constitutionnalisation des deux premiers articles de la loi de séparation.
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